Des larmes de sang, gosse de la DDASS

Si les gosses sont aujourd'hui bien moins nombreux à franchir les portes de la DDASS et autres maisons d'accueil, ils sont de plus en plus ballottés du père vers la mère ou "pris en charge" par les grands-parents. Ceux-ci ayant atteint l'âge du repos se transforment souvent à leur corps défendant en nounou pour éviter que leurs petits-enfants traînent dans les rues. Dans ces années 30 on apprenait la vue sur les pavés et les chemins de terre. Aujourd'hui on y découvre le vice, la drogue et le sida.

Un jour de l'an 1929, recueilli sur le parvis de l'église Saint-Sauveur de Lille, identifié, je fus rendu à ma mère ; quelques mois plus tard elle me remet à l'Assistance Publique, rue d'Esquerme, me reconnaît, mais signe un acte de dépôt.
En 1930 mon père signera l'acte d'abandon. Seul, je suis seul, à moi de me débrouiller. A 7 ou 8 ans, j'alterne ma scolarité et les petits boulots, déjà ! Au fond ma condition de cette époque est comparable aux Favellas d'Amérique du Sud d'aujourd'hui. Des nations avancent pour ceux qui ont le courage de travailler ; les autres, maltraités, stagnent et vont vers la déchéance, la misère et la honte.