Ma vraie Russie

Tatiana de Metternich, née princesse Wassiltchikoff, d’une grande famille russe, est retournée en Russie en 1963 pour la première fois depuis l’émigration de sa famille. Élevée en France, ses parents lui inculquèrent une solide connaissance du passé historique et de la culture russes. Depuis ce premier voyage où elle accompagna son mari, président de la FIA (Fédération Internationale de l’Automobile), invité officiellement par les maires de Moscou et de Leningrad, elle est retournée plusieurs fois en Russie soviétique, que ce soit sous Khrouchtchev, Brejnev ou Gorbatchev. Connaissant la mentalité et surtout la langue des habitants, elle a établi des contacts personnels à chaque pas avec des Soviétiques de tout milieu. Aussitôt identifiée comme « une d’avant », expression utilisée pour désigner les témoins de la Russie impériale, elle a toujours été accueillie comme une des leurs par ses interlocuteurs.

Ce dialogue, d’abord discret, s’intensifia jusqu’à l’explosion de la « glasnost », du « franc-parler ». Ce nouvel espoir est cependant nuancé d’inquiétude, même de crainte, car la « perestroïka » ou « nouvelle structure » n’avance guère malgré des remaniements au sommet. Mais l’auteur découvre et nous révèle une autre Russie qui a survécu au totalitarisme : la Russie traditionnelle, celle des babouchkas, les grand-mères, qui enseignent la religion aux enfants ; celle des auteurs classiques vénérés avec passion aujourd’hui ; celle d’un monde intellectuel qui replonge dans son passé. Un pays qui essaie de retrouver ses racines et auquel un personnage au nomhistorique comme celui de l’auteur paraît inspirer de la nostalgie.

Tatiana de Metternich est la fille du prince Hilarion Wassiltchikoff et de la princesse Lydie, née princesse Wiazemsky. Elle quitte la Russie avec sa famille en 1919. Elle termine ses études en France, et suit une académie de dessin à Munich. Elle épouse le prince Paul de Metternich-Winnebourg en 1941 et subit un nouvel exode en 1945. Elle travaille ensuite intensément dans le cadre de la Croix-Rouge allemande et internationale. Elle a déjà publié la Dame aux cinq passeports (Orban, 1987).