La cause des peuples

Quand une grande fraction de la jeunesse a soudain brandi des drapeaux noirs en mai 1968, bien des gens n'ont pas compris d'où venait cet esprit de révolte chez des enfants choyés qui n'avaient pour la plupart jamais subi le joug de la pauvreté, de l'humiliation ou de la faim, ces habituels boutefeux des révolutions.
La Cause des peuples leur apporte une explication, car Jean Edern Hallier est plus âgé que la moyenne des dépaveurs de rues - 32 ans en 1968 - mais il est de ceux en qui ce vent révolutionnaire attise des braises qui couvaient. A la suite des événements de mai, il abandonne tout pour se lancer dans l'agitation politique, fonde L'Idiot international, multiplie articles et démarches.
Pourquoi ? Il a voulu écrire l'histoire de sa conversion et c'est finalement celle de sa jeunesse qu'il nous donne dans des pages tour à tour virulentes et vibrantes d'émotion ou d'enthousiasme, selon qu'il évoque la Bretagne, berceau de sa famille, ou les jours exaltants du siège de Budapest, sa déception au retour dans la France libérée, ses expériences fâcheuses d'écolier, ses amitiés, ses travaux littéraires, ses foucades et son ivresse de la voie enfin trouvée.