Les mémoires du roi Bérold

Vaincus par Attila en 436, les Burgondes trouvèrent refuge au "pays des Sapins" (Sab-Wald), où ils allaient établir les fondations de la plus ancienne nation d'Europe, la Savoie. Dans leurs légendes, ils se souvenaient de leur royaume de Worms, au bord du Rhin, mais aussi de la lointaine Bornholm, cette île de la Baltique où ils vécurent longtemps, ou encore de l'archipel norvégien de Bergen (ils y étaient ces hyperboréens qui, selon Homère, vivaient dans les brumes du nord, et dont nous parlera Hérodote).
C'est dans les montagnes de Savoie que les légendes burgondes se cristallisèrent en devenant la chanson des Nibelungen, que Wagner immortalisera dans sa fameuse Tetralogie, mais on retrouve ses personnages féeriques autant dans la chanson de geste d'Huon de Bordeaux que dans les récits arthuriens ou les sagas islandaises.
Enfin, parce que les légendes sont immortelles et universelles, portées par le vent et toujours parlantes, on les retrouve plus récemment dans l’œuvre de Shakespeare, dans celle de Goethe, et aujourd'hui chez Hugo Pratt ou Tolkien...
De son récit de l'extraordinaire et mystérieuse enfance de celui qui deviendra le fabuleux roi Bérold, Jean de Pingon a banni les dieux barbares et les guerriers sanguinaires, qui font partie du quotidien de notre temps cruel, pour n'y convier que les lutins facétieux, les elfes sensibles et secrets, et les fées. Il est ainsi le premier à faire renaître sur sa terre d'origine un genre qui fleurit aujourd'hui dans les pays anglo-saxons, et à oser invoquer dans un verbe classique les êtres de féerie qui en furent chassés au nom de ce même classicisme.