La matière et l'esprit - le silicium, de la naissance de l'Univers à l'univers des hautes technologies

L'homme de la fin du XXe siècle a vu son environnement technologique évoluer de manière radicale. Une civilisation de la communication est née, dont les effets s'observent tous les jours. A l'origine se trouve le silicium, symbole et âme de la révolution informatique. Né il y a quatorze milliards d'années, dès l'apparition des premières étoiles, le silicium a joué un rôle essentiel dans la formation des roches de notre planète. Son cycle à l'intérieur de la terre et dans les océans fait de notre globe une planète vivante, une planète d'exception, qui a pu tout au long de ses quatre milliards et demi d'années d'existence voir naître et se développer la vie.

L'oxyde de silicium, c'est le quartz, le monde des silicates, le granite, les laves. C'est aussi le silex, matériau des premiers outils, des premiers artisans d'avant Homo sapiens, du geste dirigé par la pensée. Le silicium est le témoin privilégié des progrès de l'humanité : après l'âge de silex vient celui de l'argile grâce à laquelle l'homme invente la brique, l'habitat, la poterie, l'écriture. De siècle en siècle, l'homme affine ses techniques, découvrant de nouveaux matériaux ; mais les gestes se perpétuent et la céramique et le verre se fabriquent toujours comme au temps des potiers sumériens ou des souffleurs de verre égyptiens.

Il y a moins de trente ans, l'homme a extrait le silicium, l'a séparé de l'oxygène. Les progrès de la technologie ont été fulgurants. Et depuis, avec la microélectronique et l'informatique, nous sommes entrés dans l'âge de la communication et des hautes technologies dans lesquelles le silicium et la silice sont maitres. Informatique, quartz à mesurer le temps, silicones, fils de quartz fondu, fibre optique : le silicium, moteur et matériau des hautes technologies, est aujourd'hui omniprésent dans notre vie quotidienne.

François FRÖHLICH est géologue et minéralogiste. Après une première thèse de métallogénie et des travaux d'hydrogéologie et de cartographie géologique, il se consacre à la géologie marine et à la minéralogie des silicates sédimentaires. Il soutient sa thèse de doctorat ès-sciences en 1979. Il est actuellement éditeur associé de la revue scientifique européenne Terra Nova et chargé des collections de géologie du Muséum national d'Histoire naturelle où il a organisé l'exposition "l'âge du silicium".